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Alep

Monument à la mémoire d’une ville

La paix est arrivée à Alep : la paix de la tombe. 1617 jours durant, la vie des personnes s’enfonçait toujours plus dans la terreur, au son des combats les plus violents de cette guerre civile syrienne sans fin. La ville connait maintenant bien les jeux indécents de l’homme.

C’est là une métropole conditionnée par la division : le gouvernement contrôlait l’Ouest, les rebelles l’Est. Les deux parties ont souffert. À l’Ouest, un rond-point vert s’est recouvert de tombes fraiches, les cimetières de la ville étant arrivés à saturation. L’Est est réduit à un amas d’immeubles éventrés, leurs murs brisés semblables aux côtes d’un animal dévoré.

À l’Est, émergeant des décombres, les survivants. Un quart de million de personnes se sont retrouvées coincées dans cette zone contrôlée par les rebelles. Elles ont vécu entre les bombardements intenses pleuvant du ciel et la terreur au sol. Tout manquait, la nourriture, l’eau, les médicaments.

L’ouest d’Alep

« 35 pour cents des enfants à Alep sont trop petits pour leur âge. L’an dernier, c’était 25 pour cents. »

L’est d’Alep

« On se cachait contre le mur du fond, derrière un bout de porte », dit Aboud, un homme âgé qui est resté à Alep pendant tout ce temps. « On voyait les obus tomber. La fumée et la poussière de l’explosion pénétraient à travers notre porte. »